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ICEA

Institut de coopération pour l'éducation des adultes

Création d'un espace virtuel du Conseil international sur l'agenda post-2015 en éducation

Mardi 18 juin 2013 - ICÉA

Logo du CIÉALe deuxième séminaire virtuel sur l'éducation des adultes et l'apprentissage tout au long de la vie est ouvert sur le site du Conseil international d'éducation des adultes (CIÉA) depuis hier, 17 juin, et se poursuivra jusqu'au 28 juin. Ce séminaire a pour but  de tenir un échange entre les membres des organsiations affiliées concernant les enjeux des travaux entourant la définition des Objectifs millinéaire et de développement durable qui ont lieu actuellement à l'ONU et dans ses organismes affiliés. Le premier document est une introduction par le président du Conseil international, Alen Tuckett, qui fait le point sur les démarches et les interventions du CIÉA. Il suggère du même coup les pistes de réflexion à partir desquelles le Conseil souhaite tenir cet échange virtuel. D'ores et déjà, du Québec, Paul Bélanger a anonncé une contribution qui sera disponible sous peu.

L'agenda de l'éducation post-2015 et les actions de plaidoyer, une introduction d'Alen Tuckett, président du CIÉA

Notre deuxième séminaire virtuel sur l'éducation des adultes et le processus post-2015 arrive à un moment opportun. Depuis la VIIIe Assemblée mondiale du Conseil international d’éducation des adultes (CIÉA), nous avons suivi trois avenues clés du processus qui mènera à l'adoption de nouveaux objectifs mondiaux de développement pour la période 2015-2030.

La première a été axée sur la Conférence mondiale de Rio en 2012, où les États membres de l'ONU se sont engagés à créer des objectifs de développement durable et ils ont mandaté 30 pays pour diriger un groupe de travail ouvert qui fera rapport en 2014. Notre succès à Rio fut modeste et s’est réduit à deux mentions concernant l'apprentissage tout au long de la vie dans l'accord formel de la conférence. Néanmoins, nous avons réussi à faire une alliance concrète avec d'autres organisations de la société civile en éducation et à diriger la préparation d'un document de politique de l’Organisation de la société civile (OSC).

La deuxième avenue a été le processus d'Éducation pour tous (ÉPT), dont le suivi des progrès de l’ensemble des objectifs en éducation fut adopté à Jomtien en 1990 et confirmé en 2000 à Dakar. Trois des objectifs de l'EPT sont en lien direct avec nos préoccupations. La quatrième cible est un engagement concernant l'égalité de genre. Il s’est toutefois concrétisé dans la pratique principalement sur ​​l'accès des filles à la scolarisation. La deuxième cible s'engage à accroître les possibilités d'apprentissage pour les jeunes et les adultes. Toutefois, le rapport de suivi sur l'EPT en 2012 portait sur les compétences pour les jeunes et aucun effort n'a été fait pour étendre les observations sur les aspects plus larges d'apprentissage chez les adultes. La troisième cible promettait une réduction de 50 % du nombre d'adultes n'ayant pas de compétences de lecture et d'écriture, mais l’amélioration dans le taux global d'alphabétisation est seulement de 12 % en 23 ans et les résultats sont globalement stationnaires, étant donné la croissance de la population mondiale. Aucun progrès n'a été réalisé concernant la proportion de femmes non alphabétisée et on constate toujours qu’elles expliquent 64 % du nombre total d’analphabètes. Le Conseil international d’éducation des adultes et ses partenaires ont réussi à influencer les orientations de l'EPT à travers le Comité consultatif des ONG, le comité de pilotage de l'EPT et la Consultation de Dakar sur l'éducation en mars dernier qui a notamment adopté un objectif global d'« éducation tout au long de la vie et d'apprentissage de qualité pour tous ». Tout cela est bien, mais le compte-rendu de l'événement de Dakar ne présente aucune mention des adultes.

La troisième avenue a été de s’engager dans les travaux entourant les Objectifs du millénaire de développement. Ceux-ci ont eu comme conséquence de produire la mise en route d’un nombre déconcertant de chantiers, coordonnés par une instance de haut niveau sous la responsabilité du Secrétaire général des Nations Unies. Nous avons rencontré des difficultés pour identifier la meilleure façon de contribuer. Cette instance a fait rapport à la fin du mois de mai.

Le rapport, intitulé « Un nouveau partenariat mondial », est plus positif à certains égards que j’ai pu craindre. Toutefois, il contient également des omissions importantes et troublantes et identifie des domaines dans lesquels nous devrons multiplier nos démarches de plaidoyer. Il fournit, cependant, un cadre clair pour nos discussions immédiates, et, à mon avis, il souligne certains des principaux défis sur lesquels le mouvement d'éducation des adultes doit se pencher.

La première approche du rapport que nous accueillons de façon positive est la réaffirmation des droits humains et l’affirmation que les nouveaux objectifs devraient viser à garantir que « personne ne soit laissé pour compte ». Une proposition clé en ce sens est celle qu'aucun des objectifs ne peut être atteint à moins de l’être pour chaque quintile (20 %) de la répartition de la population selon les revenus et qu'ils soient atteints aussi pour les femmes, les adultes handicapés, les migrants et pour d'autres exclus auparavant. Pour y arriver, le rapport reconnaît qu’il faut des investissements importants pour améliorer les résultats, qui devront être ventilés afin de fournir des informations précises sur la façon dont les groupes marginalisés et exclus sont réellement rejoints.

Un deuxième aspect positif est l’intégration des processus des OMD avec celui des Objectifs de développement durable (ODD). Il affirme, comme au Sommet de la Terre, que les objectifs de lutte contre la pauvreté et de développement durable doivent être élaborés conjointement. Il reconnaît aussi que les 12 objectifs identifiés sont interreliés.

À première vue, l'objectif recommandé pour l'éducation semble positif, aussi. Le troisième objectif du rapport est de « fournir une éducation de qualité et l'apprentissage tout au long de la vie », donc au moins l'apprentissage tout au long de la vie est inscrit dans les orientations. Par contre, il se distancie de la conférence thématique de Dakar, car il omet tout engagement pour prévoir des dispositions « pour tous/toutes ». Et quand nous regardons les objectifs de plus près, nous constatons que celui qui s'occupe des jeunes et des adultes est l'objectif qui traite de l’augmentation du « nombre de jeunes et de femmes et d’hommes adultes avec les compétences nécessaires pour le travail, y compris techniques et professionnelles ».

Cette formulation d'un objectif d'apprentissage tout au long de la vie, jusqu'à présent uniquement illustrative, ne parvient pas à relever le défi que l’instance de haut niveau a prévu dans sa présentation. On y affirme : « L'éducation peut nous aider à atteindre de nombreux objectifs par la sensibilisation et conduisant ainsi à des mouvements de masse pour le recyclage et les énergies renouvelables, ou une demande pour une meilleure gouvernance et la fin de la corruption. Les objectifs choisis doivent être ceux qui amplifient l'impact de chacun et génèrent une croissance durable et la réduction de la pauvreté ensemble. »

Encore, faisant état de ce que les jeunes ont dit dans les consultations, le rapport indique « une éducation au-delà de l'enseignement primaire, et pas seulement l'apprentissage formel, mais des compétences pour la vie et la formation professionnelle pour les préparer à des emplois ... ils veulent être en mesure de prendre des décisions éclairées au sujet de leur corps et de leur santé, de réaliser pleinement leur santé et leurs droits sexuels et reproductifs. Ils veulent avoir accès à l'information et à la technologie afin de pouvoir participer à la vie publique de leur pays, en particulier tracer son développement économique. Ils veulent être en mesure de tenir les responsables à rendre des comptes, d’avoir le droit à la liberté d'expression et d'association et de surveiller où l'argent de leur gouvernement va ».

L'objectif proposé ne traite presque aucun aspect de ces préoccupations. Il n'aborde pas non plus le défi identifié dans le deuxième objectif : « renforcer les capacités et l’autonomie des filles et des femmes et atteindre l'égalité de genre ». Alors le rapport note : « Une femme qui reçoit une plus grande scolarité est plus susceptible de prendre des décisions concernant l'immunisation et la nutrition qui permettront d'améliorer les chances de son enfant dans la vie ; en effet, une plus grande scolarisation des filles et des femmes entre 1970 et 2009 a sauvé les vies de 4,2 millions enfants ».

Or, le rapport omet de mentionner l'alphabétisation des adultes comme un enjeu pour toutes et tous. Il ne reconnaît pas non plus que pour tous ceux qui sont actuellement exclus, ou qui n’ont pas bénéficié d’une éducation de qualité dans le passé, une deuxième chance - professionnelle et embrassant tous les aspects de la vie - est essentielle, si on veut que personne ne doive être laissé pour compte.

Et donc à nos débats

Pour moi, un défi majeur de tout le travail accompli jusqu'à présent est de savoir comment trouver une meilleure voix pour l'apprentissage et l'éducation des adultes dans le milieu de l'éducation elle-même. Que pouvons-nous faire pour assurer que les énergies mises en œuvre par nos collègues concernant l'EPT, soient fondées sur les droits, dont celui du droit à l'alphabétisation, de la formation professionnelle, démocratique et civique, de l'éducation pour le bien-être, pour des vies durables, faites d’art et de culture, de l'apprentissage intergénérationnel et du respecte la diversité et la différence ?

À cet égard, comment pouvons-nous aider la communauté du développement à mieux comprendre le rôle que joue l’éducation des adultes pour pouvoir définir d'autres objectifs ?

Et s’il s’agit de changer les objectifs et les cibles proposés, quelles sont nos priorités ? Pouvons-nous trouver une formulation qui soit simple, qui couvre les gens de partout dans le monde et qui formule une cible mesurable ?

Même si notre cible principale face à ces questions doit être les objectifs généraux de l'ONU pour 2015-30, nous devons sûrement considérer aussi la façon de formuler nos arguments pour avoir aussi un impact maximal sur les objectifs de l'EPT post-2015. Je suis convaincu que le séminaire virtuel va nous aider à trouver des réponses à certaines, sinon toutes, ces questions.

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